Université Paris Nanterre : Fin de l'occupation du bâtiment administratif

Communiqué du 21 juillet 2022 : L’occupation de la tour Grappin, bâtiment administratif de l’Université Paris Nanterre, menée depuis le 27 octobre 2021 par des membres de l’UNEF Nanterre et leurs soutiens, a pris fin sans qu’aucune action physique n’ait été nécessaire ni qu’aucune négociation n’ait eu lieu.

Pendant près de neuf mois, les occupants et les personnes extérieures qui les ont soutenus ont porté atteinte aux conditions de travail et d’étude de toute notre communauté universitaire et infligé une souffrance inqualifiable aux personnels.

Ils ont agi contre le fonctionnement de l’université, inutilement et sans considération pour le devenir, ni de ce que notre université représente, ni des étudiantes et étudiants auxquels elle se doit.

Rappelons que l’occupation visait à imposer l’inscription d’un groupe de personnes choisi par l’organisation étudiante, dans la filière de leur choix et uniquement à l’Université Paris Nanterre. Les occupants et leurs soutiens ont considéré que leur lutte était plus importante que les études des autres étudiants, le travail des agents, les réexamens des dossiers par les commissions pédagogiques ayant donné lieu à plusieurs centaines d’inscriptions pour répondre aux processus de sélection auxquels sont confrontés nos étudiantes et nos étudiants. Comment interpréter autrement les refus de s’inscrire dans d’autres universités ? Comment interpréter autrement les agressions répétées sur le campus par les organisateurs de l’occupation envers des personnels de l’établissement, le harcèlement constant et l’effacement systématique des lieux de discussions ? Ce contre quoi nous nous défendons est l’appropriation d’une parcelle du service public de l’enseignement supérieur et de la recherche par des personnes qui, pour imposer leur point de vue, sont prêtes à contribuer à sa destruction.

La libération de nos locaux est une étape essentielle dans la défense de notre communauté. Nous réaffirmons notre détermination à résister à toute tentative de déstabilisation de l’établissement. Il est grand temps, pour notre université déjà gravement fragilisée par le manque de moyens, que les activités reprennent sereinement. L’Université Paris Nanterre doit pouvoir accomplir ses missions et apporter ses réponses aux grands enjeux de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Communiqués antérieurs liés à l’occupation du bâtiment Grappin depuis le 27 octobre

20 JUIN 2022 - Service public empêché : le point sur la situation

Depuis le mois d’octobre 2021, des étudiantes et étudiants, membres du syndicat étudiant Union nationale des étudiants de France (Unef), ainsi que leur collectif de « sans-facs » et leurs soutiens, occupent le principal bâtiment administratif de l’Université Paris Nanterre. Aujourd’hui, lundi 20 juin 2022, ils ont étendu leur occupation à un deuxième bâtiment.

Depuis le début du mois de mai 2022 se sont intensifiés, au-delà de cette occupation, le harcèlement et les mises en cause directes des personnels de l’Université Paris Nanterre ainsi que des membres de l’équipe présidentielle. Ces agissements ont pour conséquence une mise en danger du fonctionnement de l’université en faisant obstacle à l’accès sur le lieu de travail et aux discussions au cours de certaines instances, ainsi qu’en épuisant les individus et en sapant les espaces collectifs de débat.

La liberté de réunion et de manifestation ne comprend pas le droit d’entraver les allers et venues des personnels et le refus des règles de vie commune. Nous sommes confrontés à une tentative de déstabilisation d’une institution de service public.

C’est la raison pour laquelle des mesures de sauvegarde d’espaces de travail serein sont nécessaires, puisqu’aucune demande d’appel au calme ou de retour à la raison n’a été entendue. Ces mesures sont les suivantes : arrêtés d’interdiction d’accès au campus pour neuf étudiantes et étudiants, saisine pour les mêmes personnes de la section disciplinaire. Les interdictions d’accès au campus de l’université ne concernent ni la participation auxinstances pour les élues et élus, ni la venue pour passer des examens.

L’Université Paris Nanterre est depuis des mois quotidiennement empêchée dans son fonctionnement par l’occupation d’un bâtiment administratif. Les conséquences sont de la plus grande gravité sur l’ensemble de l’établissement, pour l’image de l’université ; les souffrances infligées aux personnels des services les plus directement concernés sont majeures, et les efforts exigés pour maintenir les missions de service public inhumains.

Nous avons affaire non pas à une action militante pour l’accès à l’enseignement supérieur mais à une entrave répétée aux droits et libertés d’autrui, au refus d’application des règles communes qui permettent de faire société. Les méthodes utilisées, outre l’occupation, sont le harcèlement, la diffusion de fausses informations, la violence. Des personnels de l’établissement sont intimidés, insultés, menacés, filmés pour des mises enligne sur les réseaux sociaux. Ces méthodes visent à imposer des décisions par la force. Aucune organisation, aucune instance, formelle ou informelle, de l’Université Paris Nanterre n’est parvenue à créer ou maintenir un dialogue avec ces personnes dont l’autoritarisme est inquiétant.

Les mesures prises par la présidence de l’établissement ne visent pas à empêcher la libre expression ou à entraver la liberté syndicale. Au contraire, il s’agit de rétablir des conditions de travail et d’études normales, de rendre possible le fonctionnement de la démocratie universitaire, de revenir au plus vite à un climat serein au sein de l’établissement pour l’ensemble de notre communauté.

17 MAI 2022 : Tribune "Elles et ils ne sont pas des dossiers" parue sur Mediapart

Mesdames et Messieurs les signataires de la tribune « Parcoursup – Nous ne sommes pas des dossiers », votre tribune dénonce que l’Université Paris Nanterre confond vies – ou âmes - et dossiers, annulant l’existence des étudiantes et des étudiants dont les inscriptions sont refusées. Comment ne pas réagir à une telle accusation ?

Votre tribune dénonce que l’Université Paris Nanterre confond vies – ou âmes - et dossiers, annulant l’existence des étudiantes et des étudiants dont les inscriptions sont refusées.

Comment ne pas réagir à une telle accusation ?

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10 FÉVRIER 2022 - Point sur le refus des inscriptions

LES MOBILISATIONS DES ORGANISATIONS ÉTUDIANTES SUR LE DROIT D’ACCÈS AUX ÉTUDES SUPÉRIEURES ET LEUR DÉFENSE DE DOSSIERS INDIVIDUELS

Mobilisées sur la question du droit aux études supérieures, les organisations étudiantes de notre université ont, depuis quelques années, l’habitude de défendre directement auprès de la présidence les dossiers de candidats déboutés lors de la phase d’admission normale qui les ont contactées.

  • Pour rappel, l’ensemble des recours sont effectués sur la plateforme « Saisine » (fonctionnement expliqué en encadré). Les recours recevables sont adressés soit aux commissions pédagogiques directement, soit à la présidence.

  • À l’arrivée en fonction de l’équipe présidentielle actuelle en juillet 2020 a été créée une commission regroupant la présidence, des personnels enseignants-chercheurs et des représentants des organisations étudiantes pour examiner dans un cadre collégial les recours parvenus à la présidence. Le fonctionnement de la commission a été empêché par certains représentants des organisations étudiantes n’acceptant pas qu’un dossier « accompagné par une organisation étudiante » se voie opposer un refus d’admission.

  • L’égalité de traitement entre l’ensemble des dossiers constitue un principe fondamental. Ainsi, la mention dans la plateforme « Saisine » d’un accompagnement par une organisation étudiante a été supprimée, en accord avec celles-ci. Des rendez-vous permettent cependant aux organisations étudiantes de suivre le déroulement de la procédure. Par ailleurs, la plateforme indique clairement les voies de recours appropriées selon les situations (par exemple, directement sur Parcoursup et la Commission d’accès à l’enseignement supérieur (CAES) pour les L1).


2021/2022 : BILAN DES RECOURS ET DES RENDEZ-VOUS

Grâce au réexamen minutieux des dossiers par de très nombreux collègues, environ 300 recours ont été acceptés dans le respect des procédures (description ci-contre). Témoignant du fort engagement de l’Université Paris Nanterre, ces inscriptions supplémentaires ont été faites au-delà des capacités d’accueil.

Parmi les plus de 3 000 recours, environ 200 étaient soutenus par l’UNEF, dont la très grande majorité par l’UNEF Tacle (185), tendance au sein de l’organisation étudiante. Cette donnée est connue car les personnes soutenues par l’UNEF Tacle ont indiqué sur le formulaire qu’elles étaient « accompagnées par l’UNEF », espérant un traitement différencié de leur dossier.

Ces dossiers ont suivi la procédure normale, scolarité/commissions pédagogiques ou scolarité/présidence/ commissions pédagogiques le cas échéant.

Un grand nombre de ces 185 dossiers correspondait aux 4 situations donnant lieu à un traitement spécifique (handicap, réfugiés, santé, déménagement), ce qui explique le nombre élevé de dossiers ayant reçu une proposition d’admission : 63 sur un total d’environ 300 réponses positives à l’échelle de l’université. Ces inscriptions, comme l’ensemble des autres, ont été faites dans le respect des procédures en place.

Outre la saisie des réponses positives ou négatives sur les dossiers, des délégations étudiantes ont été reçues plusieurs fois dans les conseils centraux (congrès, CFVU, conseil d’administration), une sériede rendez-vous a été organisée avec les organisations étudiantes à leur demande pour faire un point de vive voix sur les dossiers qu’elles portent. Ainsi, entre début septembre et le mardi 26 octobre 2021, pas moins de 9 rendez-vous ont ainsi eu lieu entre des représentants de la présidence, des représentants de l’UNEF, en présence parfois de certains étudiants sans affectation et parfois de représentants d’organisations syndicales des personnels.

À chaque fois, le discours de la présidence a été le même : information sur les dossiers acceptés ou refusés, éventuelles recherches de solutions alternatives dans le second cas.

Les représentants des organisations étudiantes, de leur côté, ont présenté des informations complémentaires sur la situation des personnes pour lesquelles les réponses n’étaient pas encore parvenues ou pour lesquelles le recours avait été refusé. Elles ont parfois demandé à ce que les dossiers soient examinés dans une autre commission pédagogique (filière alternative).

Ces dossiers ont été alors transmis aux nouvelles commissions pédagogiques par le biais des services des études et de la scolarité, très mobilisés.
À l’issue de cette campagne de traitement des recours, le bilan suivant peut être dressé :

Tous les recours ayant été déposés sur la plateforme « Saisine » ont été traités.

  • Les dossiers refusés l’ont tous été pour des raisons pédagogiques au regard des autres dossiers reçus et des capacités d’accueil.

  • Le souci de l’égalité de traitement a été constant.

  • Dans un cas particulier, sur insistance des services du ministère, une inscription a été faite malgré l’avis négatif de la commission pédagogique.

Lors du rendez-vous du mardi 26 octobre 2021 avec l’UNEF Tacle, la présidence a exposé que tous les dossiers restants ayant reçu des avis négatifs des commissions pédagogiques, aucune inscription supplémentaire ne serait possible, au-delà des 63 déjà effectuées.

REFUS DES AVIS NÉGATIFS ET RUPTURE PAR L’OCCUPATION

Dès le lendemain, mercredi 27 octobre 2021, l’occupation du bâtiment Grappin a débuté. Organisée par un groupe d’étudiants membres de la tendance Tacle de l’UNEF, cette occupation regroupe un nombre fluctuant d’étudiants refusant l’avis négatif des commissions pédagogiques sur leurs dossiers.

Après de nombreuses actions menées en septembre et octobre 2021 (dont l’occupation d’une nuit du hall du bâtiment Grappin en octobre), ces personnes visaient à construire un rapport de force qui aurait conduit à une acceptation des 61, puis 40, puis 21 dossiers restants, le nombre de personnes dont les
occupants exigent l’inscription à l’Université Paris Nanterre diminuant au fil des semaines. À compter du jeudi 2 décembre 2021, un cap a été franchi avec l’intrusion dans le bâtiment de personnes extérieures à l’établissement qui, depuis, participent à la fois à l’occupation et aux actions diverses menées sur le campus.

Les 21 dossiers, dont les occupants exigent aujourd’hui l’inscription à l’Université Paris Nanterre par décision du président contre l’avis des commissions pédagogiques, correspondent à différents types de situation. En majorité, il s’agit de demandes en master, ou en licence professionnelle, auxquels s’ajoutent quelques dossiers de L1. Certaines demandes concernent des réorientations depuis l’Université Paris Nanterre ou d’autres universités, et donc des étudiants déjà inscrits. Certains candidats ont choisi de ne postuler que dans une seule université. Certains d’entre eux n’ont pas utilisé les procédures Commission d’accès à l’enseignement supérieur (CAES) et TMM.

Depuis le mercredi 27 octobre 2021, pour continuer de chercher des solutions aux situations individuelles mais en dehors de l’Université Paris Nanterre, des démarches ont été entreprises auprès du rectorat. La présidence a par ailleurs pris contact directement avec d’autres universités dans le même but. Ont été aussi proposés des entretiens individuels pour aider à l’orientation des personnes en recherche de place à l’université. Les entretiens d’orientation proposés par le rectorat ou notre Service commun universitaire d’information, orientation et insertion professionnelle (SCUIOIP) ont tous été refusés par les occupants.

13 DÉCEMBRE 2021 - Tribune "Libérez Nanterre" parue sur le site de Libération

Selon la présidence de l’université, l’occupation d’une partie des locaux menée depuis fin octobre par les «sans-facs» est injustifiée, très mal vécue et disqualifiée en interne.

Porteuse de très nombreuses revendications sur les études et les conditions d’études, l’Unef-Tacle (Tendance action collective et luttes étudiantes), l’une des branches de l’Unef, de l’université Paris-Nanterre s’est emparée depuis de nombreuses années de la question des inscriptions en menant une campagne dénommée «sans-facs». Cette organisation entend défendre le droit de s’inscrire dans la filière et l’université de son choix. Pour ce faire, elle invite des étudiants non satisfaits de leur affectation ou sans affectation à former un collectif contestant les résultats de la campagne nationale Parcoursup pour l’entrée en première année et ceux des campagnes d’examens des candidatures en master, en cristallisant leurs demandes sur la seule université de Nanterre.

Pourtant, la présidence de l’université Paris-Nanterre clairement engagée pour l’accès à l’enseignement supérieur déploie une phase d’inscription sans précédent. Ainsi, depuis le mois de juillet, des inscriptions ont été proposées à plus de 300 étudiants, alors que les capacités d’accueil (soit le nombre d’inscriptions possibles par formation) sont déjà largement dépassées. Cela a pu se faire au prix de plusieurs réexamens des dossiers par commissions d’examen de vœux ou commissions pédagogiques des différentes formations avec un appui des services et de membres de l’équipe présidentielle. Avec les étudiants et les organisations étudiantes, ont été déterminés des critères garants d’un traitement équitable des dossiers : handicap, état de santé, réfugié·e, étudiant·e ayant déménagé loin de leur lieu d’inscription.

Une sélection inacceptable pour le collectif

A la fin de ce processus, conduit pendant plusieurs mois par des réunions régulières avec l’Unef-Tacle, l’université Paris-Nanterre est accusée par les porte-parole du collectif de sans-facs et par leurs soutiens (sections syndicales extérieures à l’université, partis politiques, membres de la société civile) de pratiquer une sélection inacceptable en refusant d’inscrire les étudiants soutenus par ce collectif. Plus précisément, il est demandé («exigé» serait le terme) que le président de l’université use de son pouvoir d’inscrire ces étudiants en dehors de toutes les procédures définies par les règles nationales et locales.

Alors que des réunions hebdomadaires avaient lieu pour cette concertation ayant permis de nombreuses inscriptions, un groupe constitué d’étudiants militants et d’étudiants sans inscription a décidé, depuis fin octobre, d’occuper certains étages d’un bâtiment administratif de l’université. Depuis le début de cette occupation, les élus représentants de ce groupe ont présenté au conseil d’administration deux motions qui n’ont obtenu qu’une seule voix «pour» et une large majorité de «contre». Autrement dit, la principale instance de l’université Paris-Nanterre, garante de la vie démocratique de l’établissement, a clairement exprimé le désaccord de la communauté universitaire à l’égard de cette occupation. Les organisations syndicales représentant les personnels de Nanterre ont également exprimé combien l’occupation était inadaptée au contexte et aux enjeux. Il est clair pour quiconque travaille sur le campus de l’université Paris-Nanterre que cette occupation constitue un relais des revendications d’une partie d’un syndicat étudiant pour obtenir le soutien de sections d’organisations syndicales ou de partis politiques, de personnalités engagées, toutes extérieures à l’université Paris-Nanterre, en mettant en cause la sécurité du personnel le bon fonctionnement de toute l’université.

Des conditions de travail pénibles et anxiogènes

Début décembre plusieurs dizaines de personnes extérieures à l’université ont pris une échelle pour monter sur un toit et rejoindre l’occupation par des fenêtres en exerçant des violences à l’encontre du personnel de sécurité. Depuis lors, tous les personnels travaillant dans ce bâtiment ont dû être évacués. Ceux-là et celles-là mêmes qui, depuis des semaines, continuaient de venir travailler dans des conditions extrêmement pénibles et anxiogènes, pour assurer envers et contre tout le maintien de nos missions de service public, au service des 34 000 étudiants de l’université. Soudainement, elles se retrouvent à ne plus pouvoir accéder à leurs lieux et outils de travail parce qu’un groupe de personnes, pour la plupart sans lien avec l’université, ont décidé d’agir contre celle-ci.

Les étudiants élus qui organisent ce collectif ont une conception du pouvoir qui ne permet en rien de reconstruire une communauté universitaire déjà bien blessée par plusieurs crises : un président devrait – dans une épreuve de force – inscrire des étudiants dans des filières hors toute procédure et contrairement aux avis des responsables de formation. De même nous ne partageons pas leur valeur de l’équité qui consiste à revendiquer une place pour les membres de leur collectif comme une sorte de passe-droits.

Sur le terrain des moyens d’action, la violence de ces derniers jours, qui fait suite à des invectives depuis plusieurs mois sur les réseaux sociaux, finit de disqualifier cette occupation.

Nous sommes profondément choqués par l’absence de considération pour le travail collectif immense mené par les personnels administratifs et les enseignants pour la restauration de conditions d’études satisfaisantes après la pandémie qui a tant affecté notre université, déjà notoirement sous-dotée et dont l’engagement social est marqué et constant.

Alors que la rentrée a tout juste permis de reprendre les études en présentiel, après un an et demi de vie universitaire cauchemardesque, utiliser une cause juste – qui pourrait s’opposer à l’accès au savoir d’une génération ? – pour donner à voir un pur rapport de force, dans des murs qui ont le souvenir de grandes luttes sociales, n’est pas à la hauteur des enjeux. En faisant de Nanterre le lieu de cristallisation de rapports de force qui ne répondent en rien aux actions et aux souhaits de notre communauté universitaire, les personnes qui occupent nos locaux et leurs soutiens veulent condamner Nanterre à un bégaiement de l’histoire. Nous ne pouvons accepter cette fatalité.

02 DÉCEMBRE 2021 - Occupation de l'Université Paris Nanterre : à quand l'apaisement ?

Une occupation de l’un des bâtiments administratifs de l’Université Paris Nanterre est en cours depuis le 27 octobre. Ce 2 décembre, la situation s’est aggravée. Un groupe de personnes, pour beaucoup extérieures à l’établissement, est monté par une échelle sur les terrasses de l’université.

Des agents ont été brutalisés et blessés avant de se retirer pour éviter des confrontations encore plus violentes. Des fenêtres, qui avaient été fermées ce matin pour éviter les circulations dangereuses sur les terrasses, ont été fracturées par ces personnes qui sont venues dans le but de renforcer l’occupation. Nous avons évacué les personnels de l’université présents.

Un agent de sécurité a été retenu plusieurs heures contre son gré par les occupants. Dans l’après-midi un huissier a été appelé pour constater les faits et rendre possible la sortie des occupants qui le souhaitaient. Les instances représentatives du personnel seront consultées au plus tôt sur ces événements et leurs conséquences.

Un pas a été franchi par l’intrusion brutale de personnes extérieures à l’université. La présidence de l’établissement appelle au calme face à la gravité de cette situation.

Cela fait des mois que l’Université Paris Nanterre cherche à trouver des solutions pour les étudiants sans affectation. Plus de 3 000 dossiers ontété examinés et souvent réexaminés par les responsables de nos formations. Nous avons pu résoudre plus de 250 situations, soit nettement plus qu’en 2020 et bien au-delà des capacités d’accueil de l’établissement.

Le désarroi des jeunes sans affectation est un sujet national qui mérite bien mieux qu’un conflit local qui ne fait qu’entraver le fonctionnement d’une université qui remplit sa mission de service public pour la société, la jeunesse et son avenir. 

08 NOVEMBRE 2021 - Mais que reproche-t-on à l'Université de Nanterre ?

Depuis plus d’une semaine l’Université Paris Nanterre connaît une occupation d’une partie de ses locaux administratifs, des rassemblements réguliers ont lieu sur son campus principal, les réseaux sociaux sont intensément animés à son sujet, des motions de tous ordres sont diffusées, des acteurs politiques interviennent.

Cet ensemble s’articule sur le sujet des étudiants sans affectation à l’université, et l’université Paris Nanterre est devenue une cible, jugée responsable de cette situation. Vu de loin, tout semble simple et l’on comprend bien toutes les réactions : un peu plus d’une trentaine d’étudiants sans affectation que cette université-là serait coupable de ne pas vouloir accueillir. Vu de plus près les choses sont plus complexes et l’on se demande quel est le reproche qui est adressé.
 
Celui-ci est-il dirigé vers cette université parce qu’elle est une des plus sous-encadrée à l’échelle nationale, avec un ratio de 2,7 enseignants titulaires pour 100 étudiants et un sous-encadrement plus fort encore en termes de personnels administratifs ? Parce que depuis plusieurs années elle n’est plus en mesure que de renouveler un poste sur trois parmi son personnel enseignant et contrainte de faire s’accroître sans cesse la part des enseignements assurés par des personnels contractuels ou vacataires ? Et que, dans ces conditions, cette université, après des mois « Covid » qui ont tant éprouvé ses personnels et ses étudiants, tente de revenir à une situation plus normale, d’assumer ses missions de service public malgré son manque de moyens et s’est donné comme priorité de réduire la précarité étudiante révélée et aggravée par la crise sanitaire ? Est-ce pour ces raisons qu’elle doit être la plus vigoureusement accusée d’être l’une des plus sélectives et exclusives de France ?
 
Ou bien ce reproche est-il adressé à cette université parce que, depuis des semaines, elle est parvenue à résoudre près de 300 situations d’étudiants sans affectation dans le cadre d’échanges constants avec ses composantes, responsables de formation, commissions pédagogiques et de rencontres avec les organisations étudiantes ? Ces accueils, privilégiant des situations selon des critères clairs, se faisant toujours au-delà de ses capacités d’accueil et dans des locaux déjà surchargés. Ce qui a été privilégié par l’université est la situation des étudiantes et étudiants, de la licence au master ; ce qui a été engagé, pour résoudre les situations ne trouvant pas de solutions locales, c’est un travail intense avec les rectorats pour proposer des solutions, et aussi l’appel à la solidarité d’autres établissements de la région. Ces solutions trouvées et proposées sont refusées sur le seul principe qu’elles ne sont pas « à Nanterre ». Est-ce donc une si mauvaise chose que de tenter de résoudre au moins mal toutes les situations ?
 
A moins que les reproches faits à l’université de Nanterre ne portent sur ses valeurs et principes de démocratie et de collégialité ? On reprocherait alors à la présidence de l’université de ne pas inscrire de manière autoritaire, contre l’avis des commissions et des formations, des étudiants sans affectation. Si c’était cela, le paradoxe serait étonnant : de réforme en réforme de l’enseignement supérieur, le pouvoir des présidences d’université est sans cesse renforcé, les mêmes qui contestent cette évolution en seraient soudain devenus les défenseurs ? Ce n’est pas le principe que veut mettre en œuvre Nanterre, il est au contraire de considérer que la personne qui assume la présidence de l’établissement est une ou un élu parmi ses pairs, et que les choix doivent être collectifs, respectueux de toutes les diversités, appuyés sur des débats dans ses instances et conformes à l’intérêt général d’un service public.
 
Peut-être aussi d’autres éléments sont-ils à prendre en compte. L’un serait que l’université de Nanterre, de par son histoire, est un symbole politique fort ? Ou bien simplement que la configuration de son campus principal, ouvert sur la ville et sur son territoire, concentré essentiellement en un seul lieu, en fait un espace facile à pénétrer, à parcourir, à investir ? Le reproche serait-il alors celui de ce choix majeur d’ouverture sur l’espace environnant, reflet du choix assumé d’ouverture sur la société ?
 
Quelles que soient les bonnes réponses aux questions posées ici, il est sans doute important d’entendre aussi la communauté de l’université qui aspire à l’apaisement, ne souhaite pas être instrumentalisée, contribue par ses efforts à accueillir au mieux les étudiants mais ne peut le faire au détriment ni des conditions d’étude et de travail ni de ses principes démocratiques. Les enjeux à venir pour le service public d’enseignement supérieur sont majeurs, les vrais sujets sont ceux de l’égalité et de l’équité, ils sont nationaux. Si l’on veut pouvoir tenir les débats essentiels à leur sujet, défendre des principes face à des évolutions qui inquiètent, il est temps de laisser fonctionner l’université de Nanterre, de renouer et renforcer le dialogue, et, bien sûr, de ne pas nuire à la résolution des situations d’étudiants pour lesquels il faut chercher des solutions d’affectation conformes à leurs parcours d’étude.

03 NOVEMBRE 2021 - Occupation du bâtiment Pierre Grappin

Un service public tel que notre université qui, dans un contexte de manque de moyens, de manque de postes de titulaires enseignant·e·s-chercheur·e·s, enseignant·e·s et personnels administratifs, de manque aussi de locaux, fait tous les efforts possibles pour continuer d’accueillir ses étudiantes et étudiants dans les meilleures conditions possibles, pour la meilleure formation possible, est une cible facile.

L’Université Paris Nanterre fait l’objet à l’heure actuelle d’un traitement médiatique déséquilibré et très éloigné des réalités et de la prise en charge des étudiantes et étudiants par l’université, ce en même temps que d’une occupation, depuis le mercredi 27 octobre, d’une partie de ses locaux administratifs. Ce sont les valeurs de l’Université Paris Nanterre et de toute sa communauté qui sont mises en cause. Ces valeurs, fondées aussi sur notre histoire, sont celles d’une communauté qui souhaite fonctionner sur des bases démocratiques et de respect, pour le bien commun.

Ce qui d’abord doit être affirmé ici est la réalité des difficultés liées à un renforcement, à l’échelle nationale, des processus sélectifs, tout particulièrement à l’entrée en première année et désormais très fortement à l’entrée en master. Face à cette situation, l’Université Paris Nanterre cherche à trouver des solutions pour les étudiantes et les étudiants sans affectation. Depuis le mois de juillet, nous avons pu résoudre plus de 300 situations, en privilégiant celles des personnes en situation de handicap, réfugiées, en mobilité géographique ou connaissant des problèmes de santé graves, soit nettement plus qu’en 2020 et bien au-delà des capacités d’accueil de l’établissement. Les responsables de nos formations n’ont jamais cessé d’examiner et souvent de réexaminer les dossiers de candidature dont le nombre considérable est le reflet d’une situation nationale très problématique. Nous souhaitons poursuivre cet effort, y compris en continuant les échanges avec les organisations représentatives étudiantes, mais dans le cadre d’un traitement équitable des personnes, sur la base du dialogue et non pas du rapport de force. Il en va de la survie de notre démocratie universitaire. La présidence de l’université est aussi en relation constante avec les rectorats pour que des solutions puissent être trouvées dans le plus grand nombre de cas possible, elle échange également directement avec d’autres établissements d’Ile-de-France pour permettre de résoudre les problèmes d’affectation, au cas par cas.

Une occupation de locaux qui empêche l’administration et la présidence de l’établissement de travailler sereinement va dans un sens contraire aux intérêts des étudiantes et des étudiants pour qui des solutions sont recherchées, la désinformation sur la réalité de la situation et toute forme d’instrumentalisation, de même.

Nous appelons donc, par ce communiqué, à ce que toutes les parties prenantes puissent poursuivre leurs dialogues pour aboutir aux résultats les plus favorables possibles. Nous appelons aussi à ce que puissent être étudiées urgemment toutes les options permettant aux universités françaises, bien au-delà de la nôtre car, si l’Université Paris Nanterre est visée alors qu’elle fait tant, le problème est loin de s’y limiter, puissent obtenir les moyens récurrents indispensables à leur fonctionnement et à l’accomplissement de leur mission de service public au service de la société, de sa jeunesse, de son avenir.

Mis à jour le 21 juillet 2022